Theocritus’ Syracusans. Text, Translation & Commentary of the XVth Idyll
Les Syracusaines de Théocrite. Edition, traduction et commentaire de l'Idylle XV
Abstract
This thesis focuses on Theocritus' Syracusans. The Greek text is presented in a new edition with a translation and a commentary. A discussion of the historical and literary context, the court of Arsinoe II and Alexandrinism, remarks on the poem's metrics, the history of the text's transmission, and a description of its intricate structure are included in the introduction. The poet plays with echoes, symmetry, and potential mathematical games even though Theocritus appears to have chosen a ternary and a ring composition. The commentary is followed by a number of appendices, including a translation of the scholia, reflections on the onomastics of Gorgo's name, an iconographic appendix, and a presentation of two modern texts that have a strong intertextual connection to Theocritus' poem. it contains several ekphrases whose modality is sometimes reminiscent of the epigram, as well as inserted songs of varying tonality: the conflict of genres assumed by Theocritus introduces a form of dissonance that needs to be revealed and commented on. The Syracusans is also a "feminine" work. Indeed, the protagonists and, with two brief exceptions, the voices assumed in this text are all female. This text opens up a variety of research opportunities, starting with the issue of literary genre. Idyll 15 is a brief dramatic text that is related to mime, a genre with popular roots, but is written in the epic meter of dactylic hexameters. It also contains a number of ekphrases, whose modality is sometimes reminiscent of the epigram, as well as inserted songs of varying tonality: the conflict of genres assumed by Theocritus introduces a form of dissonance that needs to be exposed and discussed. The Syracusans is also a "feminine" Idyll : all of the protagonists and assumed voices in this text—with the exception of two brief instances—are female. But, despite the "realism" (Zanker, 1987) of this poetry, we must understand what is at stake in this Idyll's "femininity"; it cannot be explained by historical "veracity" or the poet's interest in women. Finally, since Antiquity, this Idyll has often been read as an unabashed eulogy of Lagid power. However, some elements of intertextuality cast doubt on this text's pure courtesan nature. Theocritus' relationship with the Lagid court and the Idyll's political relevance must consequently be discussed. The commentary focuses on the text in its literary dimension (intertextual and meta-poetic, in particular), but also its relationship to the context of production. Papyrological, numismatic, epigraphic, and archaeological evidences are studied to shed light on the text. Intervisual relationships are also established with several objects, as the text deals with material reality and memories.
Ce travail de recherche est centré autour des Syracusaines de Théocrite. Il en propose une nouvelle édition critique et commentée. La traduction nouvelle de cette Idylle est suivie d’un commentaire mot à mot du texte. Une introduction évoque le contexte historique et littéraire du poème, la cour d’Arsinoé II et l’alexandrinisme, l’histoire de la transmission du texte, quelques remarques sur la métrique du poème ainsi qu’une présentation des diverses structures du texte qu’il est possible de déceler. Une structure ternaire et annulaire semble ici retenue par Théocrite, mais le poète se joue des découpages dont les possibles s’avèrent multiples. À cette composition complexe, se surimposent des effets d’échos et de symétrie et de possibles jeux mathématiques. Un ensemble d’annexes accompagne le commentaire : des remarques sur l’onomastique du nom de Gorgô, la traduction des scholies, une annexe iconographique et la présentation de deux textes du XXe siècle qui entretiennent des rapports d’intertextualité étroits avec le poème de Théocrite. Ce texte ouvre des perspectives de recherche variées : sur la question du genre littéraire, d’abord. L’Idylle 15 est un court texte dramatique, apparenté au mime, genre d’origine populaire, mais ici composé en hexamètres dactyliques, mètre de l’épopée ; il contient plusieurs ekphraseis dont la modalité rappelle parfois l’épigramme ainsi que des chants insérés de tonalités variées : le conflit des genres assumé par Théocrite introduit une forme de dissonance qu’il s’agit de révéler et de commenter. Les Syracusaines sont aussi une œuvre « féminine ». En effet, les protagonistes et, sauf deux brèves exceptions, les voix assumées dans ce texte sont de genre féminin. Mais, malgré le « réalisme » (Zanker, 1987) de cette poésie, il conviendra de décrypter les enjeux de la « féminité » de cette Idylle que l’on ne peut réduire à une « véracité » historique ou à un intérêt pour la femme de la part du poète. Enfin, l’Idylle 15 est souvent lue, depuis l’Antiquité, comme un éloge décomplexé du pouvoir lagide. Deux Syracusaines récemment émigrées à Alexandrie d’Égypte, Gorgô et Praxinoa, effectuent un trajet assez éprouvant pour se rendre, de chez Praxinoa, au palais du roi Ptolémée II où une célébration des Adonies, un spectacle polysensoriel, est organisé par la reine Arsinoé II Philadelphe. Mais certains éléments d’intertextualité mettent à mal la nature strictement courtisane de ce texte. Il faut donc essayer de mieux comprendre la signification politique de l’Idylle et le rapport de Théocrite à la cour lagide. Le commentaire s’intéresse au texte dans sa dimension littéraire (intertextuelle et métapoétique, en particulier) mais aussi dans son rapport au contexte de production : la documentation papyrologique, numismatique, épigraphique ou archéologique est ainsi convoquée pour éclairer le texte. Des rapports intervisuels sont établis avec certains objets dans la mesure où le texte convoque réalités et souvenirs matériels.
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